André-Joseph Dubois « Ma Mère, par exemple »| Weyrich Edition, 2014
« Ni biographie, ni fiction » : c’est à une traversée du XXe siècle que nous convie A.-J. Dubois avec ce cinquième livre. En suivant sa mère, « par exemple », de la Belle Epoque aux années 2000, l’histoire vécue par les anonymes est restituée au fil des pages. Deux guerres mondiales, la survenue des Trente Glorieuses, l’émergence de la société de consommation, la transformation de nos quotidiens et de nos villes, tant d’autres choses qui ont jalonné le siècle. Et en filigrane, cette question qui court au long du texte : qu’est-ce donc qu’avoir été une femme « alors » ? Sous le scalpel du style, l’émotion affleure continuellement : c’est que, pour un fils, une mère n’est jamais une femme ordinaire. Et celle-ci n’a pas ménagé ses luttes, en dépit du « monde qu’on lui proposait », jusqu’à enfin réaliser, dans la dernière partie de sa vie, le rêve qu’elle poursuivait depuis l’enfance. André-Joseph Dubois a publié en 1981 un premier roman intitulé L’Œil de la mouche (Balland, Paris, réédition Espace Nord, 2013 ). Et si la conquête de la « belle langue », quand on est d’origine modeste, était une forme de trahison ? C’est cette question, celle de l’identité sociale, que posait le narrateur. En 1983, il fait paraître un deuxième roman qui rompt avec le classicisme apparent de L’Œil de la mouche par une écriture ostensiblement « baroque » : Celui qui aimait le monde (Balland, Paris, 1983). Ces deux livres ont marqué une certaine approche de la Wallonie dans les années 80. Après un silence de plusieurs décennies, André-Joseph Dubois revient à l’édition avec Les Années plastique et Le sexe opposé en 2013 (Weyrich,« Plumes du Coq »).
Jean Camille Kech L’odyssée galante | Les Editions Amalthée, 2013
«Son regard ne quittait pas ce petit coffre en cuir brun qu’elle crut fermer définitivement quelque vingt-sept longues années plus tôt. Et depuis lors, jamais plus elle n’y toucha !
Pourquoi ne pas tout simplement le détruire ?
Peut-être parce que cette valisette contenait les souvenirs intimes d’une tranche de sa vie. À moins que, ayant voulu tout oublier de cette période, elle oublia aussi l’existence de la valise ! Aujourd’hui, à l’âge de soixante-quinze ans, elle venait de la retrouver…»
Cette tranche de vie, c’est la passion qu’elle vécut, sept années durant, avec Étienne, à l’époque Directeur général du Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie à Paris. Il était français et marié ; elle était italienne et célibataire. Leurs professions leur permirent de se retrouver pour vivre leur amour profond dans de nombreuses villes d’Europe où ils se trouvaient confrontés à la civilisation de cette fin de XXème siècle. Plus que le récit d’un amour avorté mais jamais effacé, leur histoire est le prétexte à l’observation, l’analyse et la critique des événements psychologiques, politiques, économiques, philosophiques et sociaux d’un pan de l’Histoire.
Installé à Liège, en Belgique, l’auteur a enseigné dix ans dans le secondaire avant de travailler dans divers Cabinets ministériels. Président de l’Association européenne des Enseignants, il se déplaçait de réunions en réunions, un peu partout en Europe, ce qui, une fois retraité, lui a inspiré l’idée de cet ouvrage.
Rencontre animée par Christian Libens
Vendredi 26 septembre à 18
Grand Curtius Féronstrée 136 4000 Liège
Gratuit